Où est passé cette assurance ? Celle qui me faisait foncer. Celle qui me faisait avancer sans douter. Celle qui me rendait fort. L’assurance de me construire un bel avenir, Professionnel et personnel. J’ai toujours douté de moi personnellement mais c’était infime, vivable, du moins supportable.

Si je fais un bilan des années de « vraie vie », du moment où je me suis dit : « maintenant tu es libre de vivre ce que tu veux, comme tu le veux » la majorité approchant. 15 ans plus tard je me dis que j’ai vécu énormément de choses, de belles et jolies choses. J’ai exercé des métiers que j’aimais.

Je me suis vraiment éclaté. De jolies rencontres en grands moments. Des événements, des excès, des amours, des amitiés, des bonheurs, des déceptions aussi. C’était vraiment bien, je ne doutais pas, je fonçais et je vivais bien sans voir la chute possible.

La chute n’est pas la prostitution ou l’escorting, j’ai aussi vécu de beaux moments grâce à ce « métier ». C’est devenu une nécessité, un moyen de survivre. Les pratiques aussi ont changées, la majorité de mes clients sont devenu de vieux pervers avides de pratiques plus ou moins SM. Mes « missions » sont tellement éloignées de ce que j’aime avec un homme et simplement de ce que j’aime vivre, que je laisse ma conscience sur le pas de la porte du client et la reprend en sortant.

Ces mecs s’éclatent en se servant de moi. Ils m’utilisent comme un sex-toy. Je suis à leur disposition. Les laissant parfois être violent. Très violent. Voir violeur sans pouvoir manifesté mon refus, attaché et soumis à sa seule volonté de défoulement… Mais qu’ils s’amusent ces mes ! S’ils savaient comme je m’en tape, ils ne me feront jamais aussi mal que celui qui m’a élevé a coup d’insultes et de coups de poing. Une claque pour dire bonjour, une autre pour me souhaiter une bonne nuit. Sans compter toutes celles de la journée. Du plus loin que je me souvienne jusqu’a l’approche de ma majorité c’était ça ma vie. Alors qu’ils se lâchent ces clients, ils ne seront qu’un détail de mon histoire.

Je laisse faire, j’ai besoin de vivre, de gagner ma vie et même si je leur fait penser qu’ils sont le meilleur coup de la terre, le plus grand « fucker » que la terre ai connu… Ils sont a mille lieux de savoir ce que j’aime réellement Ils ne savent pas que je rêve d’un long câlin avec mon homme, tout simple. Que ce câlin se transforme éventuellement en moment plus chaud voir sauvage mais rempli de complicité, d’amour. Je rêve de choses simples comme être assis sur une plage (avec un couché de soleil tant que je suis dans le pathos) entourant mon homme de mes bras en lui glissant quelques mots a l’oreille. Je rêve d’engueulades et de douces réconciliations. Je rêve de rentrer le soir et de l’emmener n’importe où, mais sur un coup de tête. Se laisser porter par de beaux moments de folie. Je rêve de grands délires. Je rêve de ces petits détails qui vous font dire « je suis heureux avec lui » (où est-il? je n'suis pas folle vous savez). Je rêve… Ce n’est qu’un rêve...

15 années intense se sont écoulées, j’ai bien fait d’en profiter. Et alors que mon rêve s’éloigne, la réalité me rattrape et me montre que je n’ai plus rien (à part vous 3), plus un rond, plus d’avenir, pas d'amour… Je cours droit dedans !

Droit dans le mur !

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