« Alors les filles… Ca biche ?? »

J’ai mal dormi, je me lève a 8h la tête embrumée, c’est dimanche rien de prévu mais je ne veux plus rester coucher.

Je fais couler un café, un regard sur le frigo… il est vide. Une douche, des fringues et me voila parti a la rencontre des gens qui fréquentent le magasin ED en bas de chez moi.

A peine entré dans la supérette, je balaie du regard ce qui m’entour et j’ai une furieuse impression de cauchemar, suis-je en plein cœur du Groland ? Suis-je devenu Grolandais en passant la porte de la boutique ? Je longe les fruits puis les légumes et un son m’arrête net devant les champignons géants a 3,70€ le kilo, un son si fort et si violent que j’ai une impression de viole des oreilles « éh bah Bernard t’es la, on se suit hein ah ah ah ah ». Un grolandais pure jus, le teint violet, 1m60 au plus, presque autant de tour de taille et le fameux Bernard… il a le même teint viticole, de grosses lunettes a quadruple foyer, une moustache fourni et ébouriffée « ooohhhh c’est pas vrai tu l’fais exprès Maurice ». Je décide de fuir.

Je m’engouffre dans le rayon des eaux, face aux gâteaux apéritifs, les lois du marketing n’ont pas franchi les portes de ce magasin. J’entends encore les 2 poivreaux, leurs voix inondent les quelques linéaire, je longe les produits laitiers et m’abandonnant un instant a saisir des yaourts nature 0% (régime oblige) un nouveau sursaut « alors ma jeanne c’est ton temps ca ? y’a du soleil mais fait froid hein ahahah » Maurice est à nouveau à mes trousses avec son rire gras qui ponctue toutes ses phrases. La jeanne me fais face, elle le regarde avec son sourire clairsemé « tant qu’y pleut ça m’va bien» quelle chance de se contenter de plaisirs aussi simples.

Je reprends mon panier en plastique, je me retrouve fasse aux conserves « putain c’est où ces putains de boites de thon c’est le bordel ici on trouve rien… ». Ce n’est pas à moi qu’il s’adresse ce grolandais là mais a lui-même, il réfléchi a haute voix et ne comprend pas pourquoi je le regarde bizarrement. Un autre fredonne un air que seul lui connais. Un passage éclair devant les surgelés, 2 femmes, sont posées là installées devant une tête de gondole consacrée aux promos. Presque assises sur leur chariot respectif et déblatérant des banalités aussi intéressantes que les préoccupations météorologiques de Maurice. C’est à la fois drôle et inquiétant. Je m’aperçois que Groland c’est la vraie vie du dimanche matin chez ED. « Alors les filles ca biche ? ahahah » Maurice connais tout le monde apparemment.

Comment se fait-il qu’après presque 4 ans dans cette ville normalement bourgeoise et pincée, je n’ai jamais rencontré ces spécimens ? Le dimanche matin serait-il un moment propice à la sortie du pecnot en survet adidas (2 bandes) comme l’été signe le retour des jolies filles et des beaux garçons peu vêtus qui échauffent nos sens ? Et moi, quel est mon moment propice pour sortir de ma tanière ? Pas le dimanche matin, c’est certain.